Decision Making : L'instant décisif

Decision Making

Decision Making, Centre Culturel Canadien, du 10 décembre 2021 au 15 avril 2022.

Les décisions sont issues de processus cognitifs complexes. Les envisager collectivement, quand elles engagent nos devenirs partagés les rend rien moins que cruciales. Mais voilà que, de plus en plus, nous intégrons les machines dans de tels processus au travers d’algorithmes qualifiés de décisionnels. Ce qui n’est pas sans soulever des questions que les artistes savent mettre en perspective. Car l’époque que nous vivons, un simple instant au regard de la longue histoire de notre planète, est décisive considérant les choix qui s’offrent à nous pour un développement responsable de l’intelligence artificielle. C’est donc maintenant que se jouent les droits humains quant à la gestion, par exemple, de ce qui émergera de nos données à toutes et tous. La prise en compte d’œuvres issues de processus décisionnels extirpés de l’invisible ne peut que nous projeter dans un futur immédiat qui nous appartient encore.

Jeux de données

Words Exchanged, Some words on Special-purpose entities, Market Findings

Naomi B Cook, Words Exchanged, 2020, Some words on Special-purpose entities, 2021, Market Findings, 2017.

Le triptyque de monochromes de couleurs pures de Naomi B Cook pourrait ne renvoyer qu’à la quête du sublime si chaque pièce ne comportait un texte gravé dans le poly méthacrylate de méthyle. Les mots, réarrangés, proviennent de données. Et ce qui interroge, c’est le contexte de leur collecte. Dans le bleu, il s’agit de mots provenant du rapport sur le fast crash boursier de 2010 que l’on attribue au trading à haute fréquence donnant une place prépondérante aux algorithmes décisionnels dans la finance. Dans le rouge, les mots sont ceux d’utilisatrices ou utilisateurs de l’application de rencontre Tinder où les décisions se prennent d’un geste du pouce ou de l’index. Enfin, dans le vert, il s’agit de courriers électroniques d’un jeu de données qui en compte 600 000. Des mails échangés par des salariés de l’entreprise américaine Enron peu de temps avant sa faillite en 2001. Une affaire dont les malversations comptables firent grand bruit dans les médias de l’époque. Le comble étant que l’Enron Corpus sert, depuis, à entraîner des algorithmes possiblement à même de prendre des décisions, notamment en termes d’optimisation fiscale !

Crypto Art

Tangible Data

Baron Lanteigne, Tangible Data: Augmented Protective Pouch, 2020.

En 2020, Baron Lanteigne initie le projet Tangible Data, qu’il déploie sur Internet comme en exposition, en infiltrant l’écosystème du Crypto Art. Une nouvelle tendance de l’art qui s’articule autour des plateformes NFT, pour Non-Fungible Token. Comme SuperRare où collectionneuses et collectionneurs font l’acquisition d’œuvres virtuelles associées à des certificats d’authenticité sécurisés par des bases de données exploitant les technologies de la Blockchain. Les boucles d’animation 3D à caractère hypnotique qu’il y dépose mettent en scène les écrans de notre environnement numérique auquel il confère une relative fluidité. Leurs contenus révèlent des échanges se tenant notamment sur Twitter à l’occasion d’enchères. Les conversations d’une communauté dressant les contours d’une tendance intègrent donc les œuvres commentées. L’artiste met à profit son savoir-faire 3D pour prototyper des installations vidéo comme avec ses #metaworks avant de les produire pour finalement les présenter dans l’espace physique d’expositions pouvant à leur tour générer du commentaire sur Instagram. Ce que le sociologue André Gunthert nomme “image fluide”.

Je ne suis pas un robot

Are you human?

Aram Bartholl, Are you human?, 2013-2017.

Are you human? est une série initiée par Aram Bartholl en 2009. Constituée de pièces métalliques datant de 2013 et de tirages imprimés en 2017, elle s’articule autour des systèmes de contrôle de nos accès aux contenus en ligne. Car nous sommes de plus en plus soumis à des tests pour accéder aux services de l’Internet. Des tests déclinant du plus célèbre d’entre eux, celui de Turing, où un humain questionne une entité sans en connaître la nature. Mais les tests contemporains procèdent à l’inverse puisque c’est l’ordinateur qui nous interroge en nous soumettant des épreuves que nous ne réussissons pas toujours. Pour exemple, les CAPTCHAs de Yahoo aux lettres atrophiées, très populaires en 2013. L’artiste allemand se joue des cultures numériques en extirpant formes et idées de l’Internet pour se les approprier. Comme en 2017 quand il s’inspire des reCAPTCHAs de Google qui nous proposent de reconnaître des éléments d’images en grille. En remplaçant ces dernières par des photographies de frontières, il interroge le rite du passage. En les associant aux promesses de spams, il interroge les motivations qui mènent au désir de passage.

Du chef-d’œuvre

All We'd Ever Need Is One Another (Trio)

Adam Basanta, All We'd Ever Need Is One Another (Trio), 2019.

All We'd Ever Need Is One Another (Trio) est la version à trois scanners à plat de l’installation en comptant deux qui a intégré la collection du Musée d’Art Contemporain de Montréal. Dans les deux cas, les appareils sont orientés les uns vers les autres de façon à se balayer respectivement. L’artiste Adam Basanta en a automatisé les fonctionnements avec des réglages aléatoires afin que leurs acquisitions ne se répètent jamais. Les images ainsi obtenues sont analysées par un algorithme d’apprentissage profond qui les compare à de grandes quantités de chefs-d’œuvre de l’abstraction pour n’en retenir que celles ayant suffisamment de similarités avec des peintures existantes. C’est ainsi que seules les images ayant une correspondance supérieure ou égale à 83% avec une œuvre connue peuvent être imprimées. Comme celles qui sont accrochées au mur, elles ont été exécutées “à la manière de”. Cette idée que, dans le champ de l’art, les machines savent copier les grands maîtres plus que créer des tendances est de nature rassurante. Mais elle nous dit aussi qu’une société qui se reposerait un peu trop sur l’intelligence artificielle ne pourrait alors que se répéter !

Évaporation des rêves

Mécanique d'évaporation des rêves

Véronique Béland, Mécanique d'évaporation des rêves, 2018.

S’il est des tentatives tout particulièrement vaines, celle de se remémorer un songe s’évanouissant à la lumière du jour en est une. C’est d’une telle utopie dont il est question avec la Mécanique d'évaporation des rêves de Véronique Béland. En dotant une machine d’un générateur de texte aléatoire, elle lui confère la capacité à rêver ce qu’un appareillage équipé d’un crayon s’empresse de consigner sur un rouleau. L’affaire fait grand bruit tant la machine s’active, comme si elle savait la versatilité de ses écrits. Car l’encre utilisée est “sympathique”, c’est-à-dire qu’elle s’efface par elle-même au fur et à mesure que la bande retourne vers son point d’encrage. L’action du dispositif mécanique qui convoque la magie illustre aussi parfaitement la mémoire vive dont nous avons doté les machines et qui s’efface à chaque redémarrage. Ce qui n’est pas le cas des humains si l’on omet les mémoires que bien des gouvernements, dans le monde, aimeraient ne jamais voir resurgir. Car l’oubli de nos rêves, lorsqu’il se fait collectif, prend alors une tout autre dimension.

Principe d'incertitude

Incertitude

Matthew Biederman & Alain Thibault, Incertitude, 2021.

Quelles que soient les décisions à prendre, il n’y a que deux attitudes possibles. L’une procède de l’assurance, l’autre laisse place au doute. C’est précisément de cette Incertitude dont il est question dans la performance éponyme de Matthew Biederman & Alain Thibault fusionnant matière analogique et contrôle numérique. C’est ainsi que des tableaux aux formes radicales sont modulés, littéralement contaminés par les sonorités synthétiques d’une musique résolument répétitive à la manière d’un Philip Glass sur stéroïdes qui, régulièrement, se teinte de granulosités de différentes natures. Incertitude oscille donc entre deux états allant du musical au sonore et du formel au particulaire. Comme le font les calculateurs quantiques dont on sait, sans véritablement le comprendre, que les qubits “superposent” les valeurs de 0 et/ou de 1. Il est intéressant de remarquer que de telles machines ne peuvent être utilisées que conjointement à des ordinateurs davantage “conventionnels” en entrée comme en sortie. Ce qui permet ainsi d’aborder une certaine forme de complexité que le dernier tableau de la performance Incertitude illustre parfaitement via sa granulosité algorithmique évoquant cette tendance expérimentale du cinéma qui jamais ne se refuse aucun des champs du possible.

Embryogénèse et robotique

Embryogénèse Poly-gonade

France Cadet, Embryogénèse Poly-gonade, 2018.

La première des huit étapes de l’évolution de “l’être” robotique en devenir que nous présente France Cadet est incarnée par un tétraèdre qui renvoie aux mathématiques grecques, et plus précisément aux cinq solides de Platon. L’objet dont la surface semble métallique a par conséquent été calculé plus que conçu. Et c’est en se complexifiant qu’il prend progressivement l’allure d’un embryon humain, bien que tout à fait mécanique. Cette autre idée de l’évolution est exposée au sein d’une vitrine semblable à celles des musées d’histoire naturelle. Mais il s’agit ici davantage d’un futur possible que les auteurs de fictions anticipaient déjà au siècle précédent. Si aujourd’hui certains courants de pensées voient dans les sciences et technologies des réponses à tous nos problèmes, y compris ceux annonçant la disparition de notre propre espèce. D’autres artistes, comme France Cadet, attirent notre attention – non sans une certaine poésie – sur les imaginaires du futur affirmant que la décision de notre évolution nous appartient encore à toutes et à tous.

Profondeur de champ

Génération invisible

Pascal Dombis, Génération invisible, 2021.

Le récit international s’écrit sur les serveurs de Google que Pascal Dombis scrute en répétant ses recherches d’images. Avec quelques mots, il obtient de grandes quantités de visuels. Ce qui constitue le matériau d’installations comme Génération invisible. Ces icônes de notre temps contemporain, il les assemble les unes à côté des autres comme au-dessus des autres au point d’obtenir une texture dont la profondeur confère une certaine picturalité. Il convient, pour les décrypter les unes après les autres, de s’équiper d’une feuille lenticulaire qui les extirpe de l’invisible. C’est ainsi que le regard doit être accompagné du geste qui est nécessaire à la mise au point, comme en photographie. Il est par conséquent autant de récits que de membres d’un même public qui décident, en se déplaçant, du montage image. Et là, c’est au cinéma – art du temps par excellence – que l’on pense. Quant à la phrase que l’on devine à la surface de l’installation, elle provient d’un texte de William Burroughs dont on sait l’attachement à la pratique du Cut-Up visant, initialement en littérature, à faire émerger du sens d’assemblages aléatoires de mots ou fragments de phrases.

Vent contraire

Tourmente

Jean Dubois, Tourmente, 2015-2021.

Le contexte de création de Tourmente, c’est la multiplication des écrans à contenu publicitaire dans l’espace public dont Jean Dubois considère que l’on pourrait l’investir autrement. A l’image, on voit des gens ordinaires aux origines diverses, mais sa particularité c’est d’avoir un numéro d’appel. Aussi les spectatrices et spectateurs de cette galerie de portraits sont incités à l’appeler. Pas pour parler, mais pour souffler via leur micro un vent virtuel aux visages de celles et ceux qui patientent dans l’image. Ces derniers reçoivent ainsi un courant d’air dont la force dépend du souffle transmis par le réseau. Avec un tel dispositif interactif, deux temporalités se font face comme souvent sur Internet. Lorsqu’il s’agit aussi de la responsabilité des utilisatrices et utilisateurs de services en ligne. Dans ce cas, c’est un souffle anonyme qui s’adresse avec une certaine violence à l’image d’un inconnu. Ce qui pose la question de la cohabitation, au travers de nos smartphones, des sphères privées et publiques. Donc de notre relation à cet inconnu qui est l’autre et à qui on s’adresse pourtant avec l’impression de le connaître.

Design spéculatif

An Inverted System to Feel

Marie-Eve Levasseur, An Inverted System to Feel (your shared agenda), 2016.

An Inverted System to Feel de Marie-Eve Levasseur, c’est l’œuvre d’une idée ou plus exactement d’une spéculation. Et si, dans un futur moins éloigné qu’il n’y paraît, le tatouage permettait d’augmenter les fonctionnalités de la peau ? L’encre serait constituée de nanoparticules pouvant stocker de l’information comme changer d’état. Le choix du salon de tatouage pour une telle opération nous dit sa possible démocratisation. Quant aux usages qui pourraient en émerger, ils sont multiples, comme avoir ses données “en soi” plutôt que sur ou avec soi, eu égard aux objets techniques qui nous accompagnent partout. Mais aussi, la couleur de nos peaux serait contrôlable à souhait. Et, enfin, considérant la seconde partie du titre de cette séquence en trois dimensions (your shared agenda), nous pourrions partager cette membrane qui nous sépare du reste du monde. Dans un tel futur où chacune et chacun pourraient décider de la couleur de sa peau, l’espèce humaine ne pourrait être que davantage unifiée. La vraie question serait surtout celle du contrôle, ou plus exactement du partage de ce qui nous est aujourd’hui encore si intime.

Multiples temporalités

Bilateral Time Slicer

Rafael Lozano-Hemmer, Bilateral Time Slicer, 2016.

Rafael Lozano-Hemmer est un artiste du détournement des technologies puisant son inspiration dans l’histoire de l’art pour donner forme au présent et, comme dans son installation vidéo interactive Bilateral Time Slicer, au passé immédiat. Il y utilise la détection faciale que les experts en surveillance connaissent bien pour inciter le public à “entrer” dans l’image. Celles et ceux qui y pénètrent à leur tour poussent les séquences des autres vers l’extérieur. Concernant ce dispositif, les références parmi les plus évidentes sont celles des sculptures de masques aztèques à trois visages encastrés en symétrie symbolisant les âges de la vie, comme le feront, plus tard et autrement, les peintures des artistes italiens. Faire l’expérience de cette œuvre revient à visualiser le fait que le présent, inéluctablement, repousse les passés. Tout en considérant notre capacité, si ce n’est notre devoir, de conserver les formes comme les idées qui nous ont précédées. Bien qu’il y ait aussi des informations dont nous ne souhaitons pas l’archivage et encore moins l’utilisation.

Futur possible

Floralia

Sabrina Ratté, Floralia, 2021.

Dans les animations en trois dimensions de l’installation vidéo Floralia de Sabrina Ratté, l’esquisse précède la représentation, comme c’est la règle en peinture. Les apparitions quelque peu incertaines de fragments de nature protégés par des vitrines virtuelles nous en disent l’extrême fragilité. Dans un futur que l’on veut improbable, ce pourrait être les présentations muséales d’espèces végétales dont il ne resterait que les holographies. Lorsqu’il s’agit de vues en éclaté de bouquets de fleurs, roses ou lilas, nous sommes littéralement dans les images d’une nature reconstituée où documents photographiques et modèles en trois dimensions s’entremêlent. Les espaces perspectifs des débuts sont aussi ceux des fins de ces boucles glorifiant la nature qui s’exprime au rythme des saisons. Le titre de l’installation renvoie aux jeux floraux de la Rome antique célébrant le printemps, saison du renouveau par excellence. En cette ère contemporaine des dérèglements climatiques, ce sont ces mêmes saisons des débuts comme des fins qui, du fait de leur versatilité renforcée, nous préoccupent.

En transparence

Transparency Report: Violin

David Spriggs, Transparency Report: Violin, 2014.

Les objets que David Spriggs représente sont immédiatement reconnaissables bien que la nature de ses œuvres soit plus difficilement identifiable. C’est avec des assemblages de photographies qu’il crée des sculptures où la transparence est le véritable sujet. Or la transparence dont il est question ici est semblable à celle que l’on obtient avec les rayonnements électromagnétiques qui s’affranchissent de la matière. Quand le violon, et plus particulièrement la valise, nous évoque les portails de sécurité d’aéroports où les opérateurs savent interpréter les moindres détails aux contours incertains de nos objets du quotidien. Nos voyages, à ce moment précis, sont soumis à leur décision. Ce qui ajoute généralement au stress du passage. Dans l’exposition, la profondeur des objets qui nous sont présentés sous la forme de successions de couches d’informations incite aux déplacements dans l’espace. Comme pour en choisir les meilleures perspectives. Enfin, cette lumière diffuse des images-objets de David Spriggs leur confère une aura si singulière qu’elle les rend profondément unique.

Énigme

One of Them Is a Human

Maija Tammi, One of Them Is a Human, #1–4, 2017.

Maija Tammi est une artiste pratiquant notamment la photographie mais dont l’approche, avec sa série de tirage One of Them Is a Human, est résolument conceptuelle. Il s’agit de quatre portraits dont les cadres et lumières, relativement similaires, sont très soignés. Quand le titre nous incite à considérer cette série comme un jeu, ou plutôt un test si l’on se réfère à celui d’Alan Turing visant à éprouver la part d’humanité des machines. Mais, dans le cas de ces portraits rassemblant trois androïdes et un humain, il est d’avantage question de repérer l’intrus non-robotique. A l’inverse du film Blade Runner de Ridley Scott où le policier Deckard doit détecter les répliquant infiltrés. L’action du film se passe en 2019 alors que les photographies de Maija Tammi ont été prises en 2017 dans le laboratoire du professeur Hiroshi Ishiguro dont les recherches en robotique, à l’Université d’Osaka, portent sur le sentiment de présence. Il est intéressant de remarquer que le réel, dans l’imaginaire véhiculé par l’artiste, semble dépasser la fiction qui continue à nous interroger.

Du comptage

Humans need not to count

Varvara & Mar, Humans need not to count, 2017.

Dans le monde de l’art aussi, on compte les personnes, comme à l’entrée des avions, mais pour d’autres raisons. Et peu importe les motifs quand nous attachons tant d’importance à la quantification des choses comme des gens. C’est ce que semble dire le bras robotique équipé d’un compteur manuel du duo Varvara & Mar. Mais encore, il met en évidence ces petits métiers des contrôles laborieux qui, progressivement, laissent place à des machines, car tellement plus efficaces et surtout moins onéreuses. A Paris, par exemple, il y avait des poinçonneurs de tickets de métro que des tourniquets automatiques ont fait disparaître. On se rassure en se disant que l’avantage de l’humain sur la machine, c’est la créativité, quand il est encore tant d’opérateurs de tâches répétitives dans le monde. De plus en plus, le remplacement des humains par des robots n’est plus une question de technologie, quand c’est l’économie qui dicte ses règles. La vraie question, c’est de savoir jusqu’où aller et pour faire quoi, si ce n’est plus rien. Dans un monde où seules la machines opèreraient à notre pure distraction. Rêve ou cauchemar ?

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