Cette exposition envisage les pratiques et usages artistiques de techniques ou technologies selon leur proximité avec les notions tout particulièrement contemporaines de multitude et de singularité.
La question du medium y est omniprésente, comme avec Mogens Jacobsen qui associe les techniques audiovisuelles des origines du média de masse qu’est la télévision aux technologies de l’intelligence artificielle d’aujourd’hui. Avec Jeppe Hein, qui s’inscrit dans la continuité des pratiques de l’art cinétique, c’est davantage la question de la multitude des perspectives qui est abordée, tant d’un point de vue spatial que conceptuel. Les sens sont aussi à l’épreuve dans le travail de Jens Settergren qui extirpe les afflux de sons de l’inaudible que génèrent nos appareils électroménagers auxquels on attribue de l’intelligence en les connectant à Internet. La multitude des technologies que mobilise Jakob Kudsk Steensen est, quant à elle, au service de mondes artificiels où l’artiste développe des narrations poétiques en convoquant des émotions telle la peur de l’eau ou plus largement celles liées au changement climatique.
L’autre grande problématique contemporaine, celle de la singularité technologique prédisant la possible obsolescence de l’être humain dans un futur proche, est évoquée avec une relative distance esthétique par Stine Deja & Marie Munk. Or c’est sans doute pour nous éloigner d’un tel scénario catastrophe que Cecilie Waagner Falkenstrøm attire notre attention sur les biais algorithmiques relatifs aux assemblages de données. Car nous nous devons d’encadrer avec plus précision le développement des technologies entre autres données numériques afin qu’elles servent au mieux nos fragiles démocraties.
Par Dominique Moulon pour le Bicolore de la Maison du Danemark à Paris.