Mondes parallèles

Pierre-Jean Giloux, Metabolism # Invisible Cities # Part 1, 2015.

L’installation vidéo Metabolism créée en 2015 par Pierre-Jean Giloux actuellement présentée au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris constitue le premier opus d’une série intitulée Invisible Cities en comptant quatre. Par son titre, elle évoque le mouvement japonais métaboliste des années soixante et soixante-dix incluant Arata Isozaki et Kisho Kurokawa dont on reconnaît les utopies architecturales Cluster in the Air et Helix City qui se seraient multipliées aux abords et dans la baie de Tokyo. L’usage du conditionnel s’impose car elles sont restées en état de plans ou maquettes, comme bien des utopies en architecture. Mais ce qui est troublant dans le film de cet artiste français vivant à Bruxelles, c’est leur parfaite intégration dans un tissu urbain existant. Considérant que le chat de Schrödinger dans sa boîte est possiblement vivant et mort à la fois, plusieurs hypothèses s’offrent à nous. L’histoire, dans sa frénésie à se frayer un chemin comme la rivière creuse hâtivement son lit, aurait ainsi pu emprunter deux directions comme le suggérait Philip K. Dick dans son ouvrage Le Maître du Haut Château en 1962, bien avant d’être adapté en série. Avec un Japon victorieux en 1945, tout serait ainsi possiblement vrai dans le film Metabolism. Lorsque l’on perçoit quelques conversations dans le son de la musique concrète du compositeur Lionel Marchetti. Nous serions alors tentés de considérer à l’inverse la possibilité que tout, dans le film de Pierre-Jean Giloux, soit le fruit d’une approche computationnelle du monde. Une hypothèse que l’omniprésence dans cette cité invisible de pétales de fleurs sans arbres conforterait. Ce qui convoque une autre série de science-fiction : Westworld. L’expérience du scientifique et philosophe autrichien Erwin Schrödinger mettant en scène un chat étant une fiction destinée à illustrer l’idée que des mondes parallèles pourraient coexister, tout devient possible entre science et fiction et à l’ère où tout ou presque peut être modélisé par des algorithmes.

Article rédigé par Dominique Moulon