L’exposition En d’infinies variations du Centre Culturel Canadien qui s’inscrit dans le programme de la Biennale Némo est à envisager tel un atelier où les œuvres sont en train de se faire.
Les tissages contrôlés numériquement d’Oli Sorenson renvoient aux premiers systèmes mécaniques programmables des prémices d’une révolution industrielle qui correspond au début de l’anthropocène. Une époque géologique que Nicolas Sassoon documente en occultant des roches que la Terre a expulsées. La question du médium est au centre des problématiques abordées par l’exposition En d’infinies variations. C’est ainsi que Georges Legrady programme ses assemblages de photographies quand les reflets des peintures-émail de Salomé Chatriot nous apparaissent être celles d’applications et que ces modèles en trois dimensions sont assujettis aux données de ses respirations performatives. On ne sait plus exactement, en effet, ce que l’on observe si ce n’est que nous identifions instantanément les masques aux diverses géométries de Caroline Monnet et Chun Hua Catherine Dong. Alors que l’usage de tels apparats est si fréquent à l’ère de nos identités multiples et que toutes et tous nous sommes les artistes de nos variations en ligne. On remarque aussi qu’au fil des siècles le lieu de l’émergence de l’art a évolué, allant de l’atelier à l’interface, l’un n’étant pas incompatible avec l’autre. Et Nicolas Baier de le démontrer avec ses créations allant de la sculpture aux images fixes ou en mouvement. Le fait que des artistes aux pratiques génératives, comme Timothy Thomasson, usent aussi de services numériques familiers nous rend plus proches encore de leurs créations. Et que dire de cette sensation d’entrer dans l’œuvre comme c’est le cas avec l’installation interactive de Christa Sommerer & Laurent Mignonneau ? Quand, faut-il le rappeler, c’est le public qui valide les œuvres, tant par ses commentaires que ses sensations, entre autres participations.
Commissaires de l’exposition En d’infinies variations : Dominique Moulon et Alain Thibault en collaboration avec Catherine Bédard pour le Centre Culturel Canadien à Paris, jusqu’au 19 avril 2024.