Miguel Chevalier : Pixels

Miguel Chevalier, Maillages Cosmiques : Une immersion dans l’infini des réseaux, 2024.

S’il est un artiste français que les publics associent au numérique, c’est bien Miguel Chevalier. Pourtant, Pixels, une expérience interactive avec l’univers créatif de l’IA au Grand Palais Immersif constitue sa première grande exposition parisienne. Cette notoriété, il la doit aussi à la longévité de sa carrière que retrace une ligne de temps en ce lieu où la monumentalité côtoie l’intime. Y est notamment documentée sa première exposition personnelle de 1987, où il avait présenté l’installation Effet de serre dont le titre évoque déjà un intérêt pour les thématiques de son temps et la forme une appétence pour les techniques ou technologies.

Mais Miguel Chevalier doit surtout sa reconnaissance à sa capacité à gérer de grandes expositions où la participation du public est la règle. Avec son installation Maillages Cosmiques (2024), Miguel Chevalier magnifie la salle aux allures de “cathédrale” du Grand Palais Immersif. Il la transforme en terrain de jeu pour les plus jeunes alors que d’autres s’abandonnent à une contemplation immobile. Quant aux maillages dont il est question, ils illustrent parfaitement les forces de toutes natures que l’artiste extirpe de l’invisible.

L’installation multi écrans I.maginaires A.rtificiels (2024) nous rappelle l’intérêt que Miguel Chevalier porte aux technologies qui agitent actuellement la sphère artistique et plus largement notre société contemporaine : celles de l’intelligence artificielle générative. Le dispositif connait plusieurs états, affichant ponctuellement les prompts ayant servi à générer, en collaboration avec Nicolas Gaudelet, les images qui s’en suivent. Notons ici la générosité de l’artiste qui livre ses “secrets de fabrication”.

Ce que révèle aussi cette exposition monographique rassemblant une grande quantité d’œuvres sur plus d’une trentaine d’années, c’est l’approche architecturale et plus particulièrement sculpturale propre à Miguel Chevalier. Avec, par exemple, l’impression en trois dimensions de ce Janus, dieu romain des commencements et des fins qui illustre une approche, parfois, plus dramatique soulignée par la musique aussi grave qu’englobante de Thomas Roussel. Il y a dans cette exposition du Grand Palais Immersif, encore beaucoup à découvrir d’un œuvre numérique à la grande diversité des thématiques comme des formes.

Rédigé par Dominique Moulon pour Art Absolument.