Initialement créée pour le festival Hors Pistes du mois de février dernier au Centre Pompidou, l’installation Floralia de Sabrina Ratté est actuellement présentée dans une version adaptée à la galerie Charlot pour son exposition collective Origin’Elle.
Dans sa version originelle, les quatre écrans qui composent Floralia de Sabrina Ratté se fondent dans le décor floral d’une image imprimée en grande taille. Ambiance résolument muséale où la nature qui fait œuvre apparaît magnifiée tel un bien précieux. Les écrans vidéo ont des allures de dioramas dont les vitrines protègeraient des écosystèmes que l’on identifie donc comme tout particulièrement fragiles. Quant au titre de l’installation, Floralia, il renvoie aux jeux floraux ou floralies que la Rome Antique organisait pour célébrer les fleurs et le printemps au travers de la déesse Flore qui les incarnait. Mais il y a quelque chose, dans l’affichage des images que recèlent les écrans, un je ne sais quoi qui trahit l’absence de ce qui n’est pas là en réalité. Comme un bug que des développeurs auraient omis de corriger avant de quitter les lieux. Quand, au fil du déroulement des séquences, ces fragments reconstitués de natures se disloquent telles autant de visualisations scientifiques présentant à la fois l’extérieur et l’intérieur. L’aspect didactique de telles animations renforce l’idée que l’artiste Sabrina Ratté, avec une telle œuvre, nous propulse dans un futur possible dont on voudrait toutefois rester éloigné. Un futur où la nature, reléguée au musée, ne serait glorifiée que suite à sa disparition. Quand les troncs ou souches, roses et lilas, se reforment enfin comme pour souligner le cycle des saisons. Au climax des dislocations, on décèle le temps d’une incertitude comme si l’interface doutait de sa capacité à reconstruire l’image, la scène. Une angoisse qui pourrait être la nôtre si nous ne parvenions pas à réparer le monde.
Rédigé par Dominique Moulon pour ArtPress.