Cerith Wyn Evans

L’artiste britannique gallois Cerith Wyn Evans poursuit son tour du monde des grandes institutions publiques et privées. C’est actuellement à Lisbonne que ses installations lumineuses irradient les salles du Musée d’Art, Architecture et Technologie (MAAT) situé sur les rives du Tage.

Cerith Wyn Evans, Forms in Space… by Light (in Time), 2017, photographie Bruno Lopes.

L’étirement extrême des façades extérieures du MAAT conçu par l’architecte britannique Amanda Levete confère une douce atmosphère à sa principale salle intérieure. Là où Cerith Wyn Evans, en dialogue avec le commissaire Sérgio Mah, a disposé l’installation Forms in Space… by Light (in Time) de 2017 qui donne son titre à cette exposition monographique. Celle-ci se compose d’une myriade de lignes et de courbes en néon suspendues formant ensemble un nuage semi-chaotique de signes photoniques dont le public fait l’expérience dans la durée de sa descente de la rampe ovale du musée de la Fondation EDP. Les signes qui donnent à l’œuvre une allure langagière sont de deux types évoquant deux des douces obsessions de l’artiste né en 1958 et qui vit entre Londres et Norfolk. Tout d’abord, Les témoins oculistes que Cerith Wyn Evans emprunte à Marcel Duchamp dont on sait l’intérêt qu’il portait pour l’optique et qui révèlent l’approche conceptuelle du Gallois. Et les dessins de mouvements d’enchaînements de katas du théâtre nô dont il est grand amateur. Les sons cristallins produits par la sculpture Composition for Flutes de 2017 ajoutent aux multiples temporalités que dessinent dans l’espace les éléments de Forms in Space… by Light (in Time). Entièrement en verre, donc totalement transparente, Composition for Flutes reproduit le fonctionnement d’un orgue. Autonome car contrôlée par un algorithme, elle alimente en air ambiant des flutes de cristal qui s’accordent pour générer un même souffle infini modulé d’étranges variations.

Cerith Wyn Evans, Neon after Stella, 2022, photographie Bruno Lopes.

Cerith Wyn Evans, qui a étudié à la Saint Martin’s School à la fin des années quatre-vingt alors qu’il était surveillant à la Tate de Londres, a une approche conceptuelle de l’art, tout en questionnant d’autre tendance comme l’art minimal. Ces deux courant ont en commun le néon, un médium qu’il aborde à partir de 1994 avec TIX3 que, littéralement, il dissimule dans le faux-plafond de la galerie 1 située en sous-sol. Une pièce résolument conceptuelle qu’il associe à un moment de vie ordinaire où cherchant désespérément la sortie dans l’espace labyrinthique d’un cinéma dont il voulait fuir la projection, le reflet inversé de l’enseigne lumineuse EXIT le libéra. Son attachement au minimalisme, Cerith Wyn Evans le souligne avec les pièces de sa série Neon after Stella (2022). Elles constituent un hommage aux Black Paintings de Frank Stella : il les redessine en creux ou en réserve pour n’en préserver que les squelettes de lumière blanche avec lesquelles il irradie la galerie 1 du MAAT ainsi métamorphosée en un espace immersif. L’atmosphère est ponctuée d’arbustes, comme pour préserver une relation au réel, ou plus précisément à la nature que simulent les jardins d’hiver au climat singulier que l’artiste affectionne. L’exposition réunit au total une trentaine de créations de Cerith Wyn Evans à découvrir au MAAT jusqu’au 16 février 2026, année du dixième anniversaire de la programmation du musée qui a été initiée au sein de l’ancienne centrale électrique de Tejo.

Rédigé par Dominique Moulon pour ArtPress.